Evidément il faut bien le dire, mais si je le dit bien je le suis.
Parfois par une sous estimation et ce n’est pas forcément un défaut, mais du jeu de l’acteur aussi. Parfois une phrase peut être remplacée par un sourcil qui se lève, une attitude, un geste une invention de l’acteur au dernier moment, une façon de boire, des gestes peuvent raconter énormément. Tout d’un coup un geste peu rendre une phrase qui avait sa place, dans le scénario, à l’écrit, elle n’a plus sa place à l’image. Parce qu’elle est redondante.
On connait Tartuffe mais je ne connais pas Tartuffe joué par vous. Donc c’est pour ça que je viens vous voir, ce soir a 20h 30 (rires).
Vous qui êtes un homme de gauche si je ne dis pas de bêtises, en jouant ce rôle de syndicaliste, avez vous changé votre façon de voir les choses ? Pas du tout, c’est quelque chose d’agréable d’être en conformité avec ses idées, avec un personnage que l’on joue. Mais est ce que c’est bien, je ne suis pas sur, parfois je me suis senti très confortable dans des rôles de « pourriture ». Ce qui compte c’est la moralité de l’oeuvre que l’on joue, moi je ne pourrai pas jouer un personnage bon ou gentil, peu importe, mais dans une oeuvre que je considererai immorale ou dont je n’assumerai pas la moralité. Ca non, ça je peu pas. En revanche jouer un salaud, quelqu’un de très loin, apparement de ce que je suis, moi je trouve cela assez passionnant. Pour moi la grande vertue de ce métier d’acteur, d’interprète, c’est que l’on se met à la place.
Et si tout le monde faisait cela sur la planète, je pense qu’il y aurait moins de conneries de dites et moins de violence, ce mettre à la place. Se dire qu’il y a une potentialité chez tout le monde de plein de choses. On n’est pas à l’abri, d’une part d’ombre, d’un sentiment dégueulasse, d’une attitude dégueulasse, alors on veut s’en protéger, on dit aux autres mais non Moi je pense pas être comme cela…C’est facile a dire, moi je n’en sais rien.
Donc tous les gens qui vous donnent des leçons de comportement, de ce qu’ils auraient été ou de ce qu’ils auraient fallut faire, moi je les attends au pied du mur… c’est la que l’on voit le maçon comme on disait chez moi.
Parce que c’est pas évident, que les vies sont étranges, parce que l’on ne sait pas. (l’intégrale sur Loire FM 100.9)
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Comment choississez vous vos rôles ? Il y a plein de choses qui rentrent en jeu, le sentiment de connivence, de complicité, la même façon de regarder notre monde à nous. De films, de pièces, de livres, la façon d’interroger la société cela compte. Est ce que c’est un bon scénario, est ce que c’est intéressant à jouer ? avec qui et pleins de choses, par exemple j’étais très content de rencontrer Virginie Ledoyen, c’est une fille que j’aime beaucoup et on n’avais pas eu l’occasion avant, nous n’avons pas été dans les mêmes films, et la c’est la première fois. C’est ce que j’aime bien chez Gérard Mordillat, c’est cette vision des gens qu’il a, pourtant c’est quelqu’un qui retravaille beaucoup avec les mêmes personnes, il constitue un noyau dur, c’est une famille comme on souhaiterais que soit la France, qui accueil des gens. J’en suis la preuve…

Pour nous spectateurs, nous avons aucune vision de votre métier, mais en therme de scénario, vous en recevez combien par jour, par mois ? En ce moment c’est pas mal, je ne sais pas pourquoi, il y a une reprise c’est le printemps cela doit pousser. Moi cela fait très longtemps que je n’ai pas tourné, je vais d’ailleurs mettre entre parenthèse le théâtre*, après je ne fait plus de théatre pendant quelques temps.
Je voudrais tourner mais d’abord rester chez moi un peu plus longtemps, une pièce de théatre c’est formidable mais cela vous met sur les chemins toute l’année, donc moi je commence à être un papa du dimanche un peu, et j’aimerai bien être un papa de la semaine.
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Nous sommes stéphanois, avez vous une image de Saint-Etienne ? Oui très récente parce que j’y est joué « Arturo Ui » il n’y a pas très longtemps, j’avais joué précedement sur la scène lyrique de l’opéra, qui est pas terrible pour le théâtre je trouve, et récemment au théatre de la comédie dirigé par Arnaud Meunier, un garçon vraiment formidable, parce qu’il y a un nouveau théâtre qui va se construire.
Je trouve cela bien qu’une ville qui traverse de grandes difficultés financières, je crois qu’elle a pas mal morflée avec la crise des subprimes et les emprunts pourris. D’oser la culture et de continuer à promouvoir cela. C’est aussi la ville de Jean Dasté, Jean Dasté figurez vous que quand j’avais 17 – 18 ans on avait fabriqués un petit théâtre, dans la banlieue de Rouen, et Jean Dasté était venu inaugurer notre petit théâtre, donc nous avions fait une petite plaque, avec un petit rideau que nous avions ouvert, le théâtre a été inauguré par Jean Dasté.
A l’époque je ne connaissait pas ce monsieur, du haut de mes 17 ans, depuis j’ai appris à le connaitre et j’en suis très content.
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Pour revenir à Mélancolie ouvriere, trouvez vous un parallèle entre cette histoire début 1900 et aujourd’hui ? Totalement, il n’y a que des correspondances, les choses changent sur des détails, mais l’exploitation est la, elle est toujours possiblement la, le langage patronnal est toujours aussi ambigue, peut-etre toujours aussi violent. Dans cette campagne (présidentielle) on parle beaucoup de l’emploi et pas du travail, et le travail est destructeur en ce moment, destructeur de la cellule familiale, des êtres humains, il n’y a jamais eu autant de gens en dépression. Oui on ne fait plus travailler les enfants sur les métiers à tisser, mais c’est autre chose, des gens préssurisés a tous les niveaux, interrogez les caissières d’hyper-marchés vous allez voir ce que vous allez entendre sur les pauses pipi, la surveillance permanente, comment on glisse un petit paquet de chewing gum dans le sac a main pour se débarasser d’une personne…
Même la caricature est toujours présente, c’est plus les mêmes, aujourd’hui les enfants qui travaillent ne sont plus français, ils sont indiens, africains, ils sont très loin, donc rien n’a changé, ce n’est pas parce que cela ne se passe plus chez nous que nous avons évolués. Si cela se passe ailleurs il est ou le progrès ? nous avons juste poussés la misère ailleurs, l’exploitation, la barbarie du travail…
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Pourtant aujourd’hui le message c’est : il n’y a plus de droite, plus de gauche ?? Il y a une idéologie derriere ce discours, il peut y avoir une sincerité parfois, mais le plus souvent c’est une idéologie, un confort, une paresse intellectuelle, pour revenir a notre conversation en OFF, moi je dis non, pas tous pourris, on peut dire plein de choses de Benoit Hamon, de Mélenchon, de Poutou, mais ce ne sont pas des pourris je suis désolé. Et je pense que Macron n’est pas un pourri, alors il a des idées que je n’aiment pas, mais je pense pas que l’on est le droit de dire que c’est un pourri. Je ne dirais pas cela de certains…
Il y a des tas de gens honnêtes, il se trouve que notre système a des carences, et des carences très graves qu’il va falloir d’urgence remobilisées.
Mais moi il y a un truc qui m’effare dans cette camapgne, c’est le peu de place que l’on accorde a l’urgence judiciaire, si l’on veut que ce pays alle mieux, il faut absolument rendre la justice compétente, peut-être doubler le budget de la justice, engager du personnel, recruter des juges, construire des tribunaux…(l’intégrale sur Loire Fm 100.9)

Philippe Torreton, merci beaucoup, on vous donne rendez-vous à Saint-Etienne ?
Oui peut-être, c’est une place culturelle. Moi c’est ce que je dis aux municipalités que hésitent à investir, quand on se dote d’un outil théâtrale digne de ce nom, la ville s’inscrit sur les schèmas de tournées et donc raisonne dans la tête des gens, on sait que Saint-Etienne a un nouveau théâtre, BING, plus grosse scène, plus grosse capacité d’accueil, plus de moyens, donc plus de spectacles qui vont marquer l’histoire et l’émotion des gens.
On met la ville sur une étagère qu’elle ne pouvait pas atteindre avant à cause de capacités d’accueil, ou d’un manque technique. Donc les villes sont dans des listings, ou l’on peut tourner, et donc un rayonnement. Donc OUI Saint-Etienne, Bien sur.