Rachid Mekhloufi, un stéphanois avec les jambes et la tête

Rachid Mekhloufi

Vous êtes sur le point de plonger dans l’histoire fascinante de Rachid Mekhloufi, un joueur emblématique qui a marqué de son empreinte le monde du football, avec des compétences exceptionnelles et un choix courageux qui a défini sa carrière. Attachez vos ceintures pour un voyage à travers le temps, où le stade devient un théâtre, et le ballon, un acteur principal.

Les débuts d’une légende

Dès sa naissance le 12 août 1936 à Sétif en Algérie, Rachid Mekhloufi était destiné à écrire son nom dans les pages dorées du football. Cependant, ses premiers pas dans ce monde ont été témoins de l’agitation politique et des violences de l’armée française, laissant des marques indélébiles sur son esprit.

L’été 1954 marque un tournant dans sa vie lorsqu’un recruteur stéphanois, flairant le talent brut, l’invite à rejoindre l’AS Saint-Étienne. Sous la direction de Jean Snella, Mekhloufi s’impose rapidement, marquant trois buts lors de son premier match. Les Verts ont déniché une pépite, et la saison 1956-1957 voit Mekhloufi et Eugène N’Jo Léa propulser l’ASSE vers son premier titre de champion de France avec un total impressionnant de 54 buts.

La relation entre Mekhloufi et N’Jo Léa devient légendaire, une symbiose sur le terrain où la créativité et la finesse tactique de Mekhloufi se marient à la puissance et à la rapidité de N’Jo Léa, formant un duo redoutable qui hantera les défenses adverses pendant des années.

La percée européenne

La saison suivante, l’équipe atteint de nouveaux sommets avec son premier match de coupe d’Europe contre les Glasgow Rangers. Rachid Mekhloufi inscrit le premier but européen de Saint-Étienne, laissant une empreinte indélébile dans l’histoire du club. C’est à ce moment que le crack Mekhloufi fait ses débuts remarqués dans l’Équipe de France, ouvrant la voie à des rêves d’une association magique avec Raymond Kopa.

Le duel imaginé entre Kopa et Mekhloufi était celui de deux génies du football, des artistes sur la pelouse, façonnant des moments de pure magie. Leurs styles contrastés, mais complémentaires, auraient pu créer une alchimie inoubliable, mais le destin en décide autrement.

Un choix déchirant

Alors que l’épopée suédoise de 1958 se profile à l’horizon, la guerre d’Algérie fait rage, forçant Mekhloufi à faire un choix difficile. En 1958, il quitte la France pour rejoindre Tunis, devenant l’un des meilleurs ambassadeurs du football algérien à l’étranger. Pendant quatre ans, l’équipe du FLN, avec Mekhloufi en son sein, devient le symbole de l’indépendance algérienne lors de matchs amicaux et de tournées à travers le monde.

Le choix de Mekhloufi de quitter le sommet du football français pour soutenir la cause de l’indépendance de l’Algérie était plus qu’un simple geste sportif. C’était un acte courageux qui a transcédé les frontières du jeu, donnant une voix aux aspirations d’un peuple en quête de liberté.

Le retour triomphal

En décembre 1962, dans un climat tendu, Rachid Mekhloufi fait son retour sous le maillot vert de l’AS Saint-Étienne. Son premier match est un triomphe, marquant un nouveau chapitre dans sa carrière et ravivant la flamme de l’admiration du public. L’année suivante, il contribue à un nouveau titre de champion de France, cette fois en tant que milieu de terrain, organisant le jeu pour la nouvelle génération de joueurs tels que Herbin, Larqué, et Revelli.

La deuxième phase de la carrière de Mekhloufi est marquée par son évolution en tant que joueur. Du rôle de buteur redoutable, il se transforme en un maestro du milieu de terrain, dictant le tempo du jeu et fournissant des assists clés à ses coéquipiers. Son intelligence footballistique et sa vision du jeu sont en plein épanouissement, témoignant de sa polyvalence exceptionnelle.

La consécration et l’adieu

La saison 1966-67 est le sommet de la carrière de Mekhloufi, remportant son troisième titre de champion de France et étant sacré meilleur joueur du championnat. L’année suivante, en 1967-68, un nouveau titre s’ajoute à son palmarès, marquant une période de gloire pour l’enfant de Sétif. Son dernier match sous le maillot vert, en finale de la Coupe de France face à Bordeaux, est un chef-d’œuvre avec un doublé qui scelle la victoire de Saint-Étienne 2 à 1.

La performance mémorable de Mekhloufi dans sa dernière apparition en tant que joueur de l’AS Saint-Étienne n’est pas seulement une victoire pour le club, mais aussi un témoignage de sa classe inégalée. Son départ laisse un vide difficile à combler, mais son héritage continue de vivre à travers les générations de supporters.

L’héritage et les hommages

Le départ de Mekhloufi ne passe pas inaperçu, mais c’est l’hommage de Raymond Kopa qui résonne le plus fort. « Mekhloufi a été le meilleur technicien que je connaisse. C’est un meneur de jeu remarquable, hors pair. Nous étions tous les deux des constructeurs, mais il avait un avantage sur moi : son tir redoutable », déclare Kopa, soulignant l’impact indélébile de Mekhloufi sur le jeu.

Les éloges de Kopa ne font que confirmer ce que les supporters et les observateurs du football savaient depuis longtemps. Mekhloufi n’était pas seulement un joueur exceptionnel, mais aussi un artiste sur le terrain, un stratège qui pouvait changer le cours d’un match d’un simple coup de pied.

En conclusion, l’histoire de Rachid Mekhloufi transcende les terrains de football. C’est une saga de talent brut, de choix difficiles, de triomphes et d’héritage. Mekhloufi demeure une légende, un stéphanois avec les jambes et la tête, dont le parcours a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire du football.

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