Saint-Etienne à l’abri des barrages

Pierre Mazet (http://www.pierre-mazet42.com/) auteur de nombreux Polars et passionné d’Histoire nous présente des stéphanois dont parfois par manque de culture nous ignorons l’existence….Mais aussi des évènements qui ont marqués l’Histoire Stéphanoise.

Bien que modeste, le Furan est capable de colères redoutables et meurtrières. C’est d’ailleurs ce qui lui valut son nom primitif (le Furieux). Sa dernière crue remonte à 2003 et si il n’y eut pas de victime, la montée des eaux fut plus rapide que pour la catastrophe de Vaison-la-Romaine ou celle de la Loire de septembre 1980. La vie stéphanoise du XIXème siècle est jalonnée de ces catastrophes à répétition.

Dès 1820, monsieur Lacordaire, ingénieur des ponts et chaussées, évoque la possibilité de construire des retenues d’eau à la Roche Corbières et au Pas-du-Riot., avec un double objectif : protéger la ville et assurer l’approvisionnement en eau pour satisfaire aux besoins toujours croissants de consommation domestique et industrielle. Pendant trente ans, divers projets furent présentés à la ville. Un projet d’Aristide Dumont, autre ingénieur des Ponts et chaussées, prévoyait de refouler par des moyens mécaniques l’eau de la Loire depuis le Pertuiset jusqu’à la ville. Présenté à la fin de l’année 1856, ce projet est resté sans suite.

C’est vers la fin des années 1850, que naquit l’idée de la construction du barrage du Gouffre d’enfer ou barrage de Rochetaillée. Sa conception fut confiée à trois ingénieurs Graëff, de Montgolfier et Conte Grandchamps, qui tous trois, ont œuvré à l’amélioration du réseau hydrographique ligérien.

Sa construction commença en 1862 et fut achevée en 1866. Il est constitué par un mur en maçonnerie ordinaire de 50m de hauteur, son épaisseur à la base est de 49m, il est terminé par une chaussée de 3m de largeur. Le réservoir couvre un espace de 12 hectares, sa capacité totale étant de 1 620 000 m3. C’était alors le plus haut barrage existant. Il dépassait celui construit près d’Alicante en Espagne et dont la hauteur était de 41 m.

La capacité a été prévue pour pouvoir constituer une réserve suffisante et laisser une possibilité d’écrêter une grosse crue. Le Gouffre d’Enfer est aujourd’hui propriété de l’Etat et, depuis une crue en 1986 ayant causé des dégâts en aval, il n’est plus utilisé pour le stockage de l’eau potable mais comme excréteur de crue.

Depuis 2003, il est le plus souvent vide. Le barrage se révéla très vite incapable d’assurer la consommation d’eau toujours croissante de la ville. Aussi un deuxième barrage est envisagé dès les années 1870. Il fut construit entre 1873 et 1876 à deux kilomètres en amont au pas de Riot. D’une hauteur de 33 mètres, il peut constituer une réserve de 1 300 000 m3d’eau. Aujourd’hui ces deux barrages constituent un lieu de randonnée très prisé des Stéphanois.

Gilles Charles

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