Comme la place Chavanelle, la place Dorian était un des carrefours du trafic des bus stéphanois, et puis certains ont décidés de faire une révolution.Et depuis tout le monde cherche les bus…ou presque.

On se souvient tous avoir fait la queue entre les barrières en attendant, le 11, le 8, le 3 ou encore le 10, ce que l’on ne sait pas c’est que Dorian était le nom, d’un député, Pierre-Frédéric Dorian, Il fait ses études à Saint-Étienne à l’école nationale des mines.

Il est fabricant de faux à Valbenoîte quand il épouse, le 25 septembre 1849, à Unieux, Frédérique-Caroline Holtzer (Feugerolles, 6 août 1828 – Paris, 6 mai 1890), fille du maître de forges Jacob Holtzer.

Frédéric avait fondé, en 1843, avec Paul Dumaine une fabrique de faux et faucilles en acier fondu dans la vallée de Rochetaillée, sur la commune de Planfoy. La société en nom collectif se transforme en commandite simple en juin 1846 sous la raison, Dumaine, Dorian & Cie pour une durée de neuf ans, grâce au financement d’un fabricant de rubans. En 1849, il se retrouve seul propriétaire de l’usine des Ballaires en rachetant les parts de son associé. L’usine emploie alors 80 ouvriers, utilise sept moteurs hydrauliques et produit 80 000 faux et 20 000 faucilles et reçoit une médaille d’argent à l’exposition industrielle.

 

Ouvertement républicain, Frédéric Dorian va connaître un destin national. Il avait commencé par des fonctions locales : conseiller municipal de Valbenoîte (1847-1855) fonctions qui ne seront pas interrompues par le coup d’État du 2 décembre en dépit de la légende, puis maire d’Unieux (1860-1865) se résignant à prêter serment, et conseiller général (1867-1873). Élu dans la seconde circonscription de Saint-Étienne en juin 1863, par 7 932 voix, grâce aux cantons ouvriers, contre Charpin-Feugerolles, le candidat officiel, triomphalement réélu, en mai 1869, par 11 239 voix, contre Vital de Rochetaillée, il siège au corps législatif comme député d’opposition. Il est un des actionnaires fondateurs du journal L’Éclaireur, né d’une société anonyme par acte sous signature privée du 22 décembre 1868 aux côtés de républicains locaux.

Ministre des Travaux publics du gouvernement dit du « 4 septembre » 1870 (jusqu’au 19 février 1871), Très populaire au sein de l’extrême gauche, Dorian la déçoit par son attitude lors de la confuse journée du 31 octobre 1870 : au centre de toutes les combinaisons, il refuse de s’engager. Au scrutin de liste de février 1871, il arrive en tête des élus du département de la Loire (79 608 voix sur 89 275 votants), et bien qu’ayant opté pour la Loire de préférence à la Seine (où il était le seizième élu), il est moins présent à Unieux. Lors des essais de conciliation entre la réunion des maires de Paris et le Comité central de la Garde nationale, en mars 1871, on envisage de lui confier la mairie centrale de Paris. En dépit de sa présidence du conseil général de la Loire (1871-1872), les préoccupations politiques nationales l’emportent sur son rôle d’industriel stéphanois : à Paris.

La popularité du nom de Dorian a longtemps perduré : ses deux fils, Charles Dorian (1852-1902) et Daniel Dorian (1855-1903), ont été, à leur tour, élus député de la Loire. Enfin, en 1905, une statue en bronze est élevée à Saint-Étienne mais elle disparaît pendant la Seconde Guerre mondiale : une place de la ville perpétue cependant le nom de Dorian depuis 1876.

Maintenant en vous promenant sur la place Dorian vous ne verrez plus les bus, mais vous en saurez un peu plus sur Pierre-Frédéric Dorian…