
Les Lamaizière, une histoire stéphanoise
Les Lamaizière, architectes des Nouvelles Galeries, une chronique stéphanoise de Pierre Mazet
Alors vous nous proposer de parler des Lamaizière aujourdhui.
Oui nous allons faire un bond d’un demi-siècle après le départ des Dalgabio. Lorsque Pierre Antoine Dalgabio avait dessiné son plan, Saint-Étienne n’est guère qu’une grosse bourgade de 20 000 habitants, à l’arrivée de Léon Lamaizière la bourgade s’est muée en une cité de plus de 110 000 âmes. La ville est devenue la première cité industrielle de France. Des élites nouvelles ont émergé, Etienne Mimard, un peu après la famille Guichard…
Comment se situe l’action des Lamaizière ?
Pour être bien au clair, lorsqu’on parle des Lamaizière, on parle de Léon Lamaizière, le père et de Marcel Lamaizière, le fils. Les Lamaizière, ont marqué profondément le paysage urbain stéphanois. L’activité intense de leur agence a dépassé les limites de la commune et de nombreuses villes françaises conservent encore le témoignage de leur travail : ils ont construit entre 1894 et 1930 un tiers des magasins des Nouvelles-Galeries et en ont aménagé plus de la moitié. Ils ont oeuvré dans de nombreux domaines : maisons, hôtels particuliers, immeubles de rapport, logement social, bâtiments industriels, bâtiments publics, magasins…
Ils étaient » architectes de famille » et construisaient l’usine, l’hôtel particulier ou la villa, l’immeuble de rapport et même le tombeau familial.
On sait quelque chose de leur origine ?
Léon Lamaizière voit le jour à Saisy, le 25 mars 1855, en Saône-et-Loire, commune proche de la Côte d’or et du vignoble bourguignon. Dans les registres, son père est mentionné sous diverses professions (cultivateurs, voituriers), ce qui laisse penser plutôt à des origines modestes. Au milieu des années 1870, on le retrouve à Saint-Etienne comme terrassier… Et en 1874 il entre comme dessinateur, au bureau d’architecture de la ville de Saint-Étienne. Sa carrière est rapide. En 1880, il ouvre une agence d’architecture, rue Marengo et en 1885, il est nommé architecte en chef de la ville. En 1902, il quitte son poste d’architecte de la ville et ouvre une agence Place Mi-Carême (actuelle place Jean Plotton). Son fils, Marcel Claude Léon Lamaizière, élève de l’école des Beaux-Arts de Paris, rejoint son père en 1905.
Et les commandes affluent.
Le père et le fils travaillent ensemble ; leurs deux personnalités se complètent : le père, esprit pratique, méthodique, organisé, négociateur, très ferme dans la conduite de chantier ; le fils, artiste, doué pour le dessin, auteur des belles façades ou d’une décoration intérieure raffinée comme La Loire Républicaine, la Condition des Soies, l’aménagement du Palais Mimard, le Château de la Rochedain près de Tours pour la famille Démogé… Ils furent également architectes de la Chambre de Commerce et de la Banque de France.
Leur renommée dépasse Saint-Etienne ?
Bien au-delà de Saint-Etienne, le cabinet connaît une notoriété nationale grâce à sa collaboration avec la famille Démogé-Canorbe, fondatrice des Nouvelles Galeries
Ainsi entre 1894 et 1930, sont construits, dans toute la France une trentaine de magasins qui portent leur marque. Les Lamaizière ont contribué à une large diffusion du modèle de grand magasin à tourelle d’angle, repris avec des variations à l’infini. L’intérieur s’organise généralement autour d’un grand escalier desservant des galeries éclairées par un ciel vitré.
Plus qu’un architecte ?
Oui Léon Lamaizière est un véritable homme d’affaires. Lorsque la ville prévoit le percement de l’actuelle avenue de la Libération. il fonde la « Société des Immeubles Modernes » dont il est à la fois l’administrateur principal, l’architecte et le maître d’œuvre de ces nouveaux immeubles de rapport sis du 23 au 29 avenue de la Libération.
Une fin pas très heureuse.
Le cabinet connaît toutefois un tragique destin. Marcel, le fils chéri, meurt le 5 novembre 1924 à l’âge de quarante-quatre ans. Son père aura du mal à surmonter sa peine et se remettre au travail. Deux ans plus tard, il cède le cabinet d’architecte à deux de ses plus proches collaborateurs, Pierre Mas et Francisque Martin. Le ressort est définitivement cassé. Il se retire alors à Annecy où il s’éteint le 23 septembre 1941. A Saint –Etienne, une rue du quartier de la Terrasse porte le nom de Léon Lamaizière.

retraité bénévole

