Le Sénateur de la Loire Jean Claude Tissot a interpellé aujourd’hui dans l’hémicycle du Sénat, le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, sur la situation dans les EHPAD.
Au-delà du travail formidable réalisé par les personnels (dans un secteur qui était déjà structurellement en tension), il a souhaité attirer l’attention du gouvernement sur la nécessité d’un accompagnement des personnes en fin de vie par leurs proches.
Le ministre ‘a répondu qu’il n’existait à ce jour aucun obstacle législatif ni réglementaire à autoriser des membres de la famille (dans des conditions très précises, avec protections adaptées et cheminement dédié dans l’établissement) à venir assister aux derniers instants d’un résident en EHPAD.
Le Ministre l’a invité à lui faire remonter les cas précis dans lesquels cet accompagnement n’aurait pas été possible.
Voici son intervention :
La situation dans les EHPAD est particulièrement critique. Les résidents de ces établissements représentent désormais plus d’un quart des personnes décédées du COVID en France.
Je tenais tout d’abord à saluer le courage et l’engagement des personnels qui, depuis le début de l’épidémie, sont allés travailler, avec la « peur au ventre » parfois. Trop longtemps en effet, ils ont manqué des moyens de protections.
Alors que ces professionnels sont, depuis plusieurs années, confrontés à des difficultés structurelles, dues au manque de moyens financiers et humains, ils ont su trouver les ressources pour faire face de manière admirable à cette crise. J’espère sincèrement que, lorsque viendra le « jour d’après », on ne s’empressera pas d’oublier tout cela.
Vous avez annoncé ce lundi 6 avril le lancement d’une « vaste opération de dépistage » dans ces établissements. C’est une mesure, que je salue : elle permettra de mieux gérer la situation.
L’une des problématiques à traiter en priorité est celle de l’accompagnement des personnes en fin de vie.
Je reprendrai les mots du psychiatre Michel Debout, professeur émérite de médecine légale, qui explique que la présence des membres de la famille dans les derniers instants d’un proche est tout à la fois :
– « la condition psychologique, affective et émotionnelle, pour permettre à la personne âgée de mourir dans la sérénité »,
– et la condition pour « la famille de ne pas ressentir qu’elle a abandonné une dernière fois son parent ».
Il redoute ainsi que « beaucoup de ces familles ne présentent, une fois la crise sanitaire passée, des états de deuil pathologique qui viendront pour une longue période dégrader leur vie psychique et relationnelle ».
Se pose de la même manière la question de la prise en charge psychologique, aux lendemains de la crise, pour les personnels qui auront été les seuls accompagnants lors de ces décès.
Je voudrais aussi dire un mot des agents des services mortuaires, derniers maillons de la chaîne du soin. Ils doivent à ce titre pouvoir, comme tous les soignants, bénéficier de toutes les protections face au virus.
Comme le souligne très justement le professeur Debout : « Notre humaine condition se construit, depuis la nuit des temps, sur le fait que nous soyons la seule espèce vivante qui enterre ses morts ; cette place donnée aux morts permet de les relier aux vivants, et de construire avec eux la chaine ininterrompue de l’humanité ».
Aussi, Monsieur le Ministre, je voulais savoir si vous envisagez de pouvoir rapidement rendre possible la présence d’au moins un membre de la famille aux côtés du mourant, en fournissant les moyens de protection nécessaires face au risque infectieux.

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